Nous sommes dans les années 1850...
Le triomphe soudain de la monoculture de la vigne, va balayer
en très peu d'années, des siècles de tradition. Vivre
comme les anciens dans le "Fort"
à l'intérieur des murailles,
n'est plus de mise chez les nouveaux riches. On détruit
sans état d'âme les vestiges d'un passé révolu,
pour faire place au Progrès et au prestige ostensatoire. On régente
tout,
de l'esthétique au fonctionnel. C'est l'époque ou
l'on fabrique la nouvelle grande artère qui traverse aujourd'hui
le village, et prendra différents noms tels "Avenue
de Donos", "Avenue de la Nouvelle Entrée au Village",
( avant de devenir aujourd'hui avenue de la Gare et avenue de la Mer, seul
visage connu du village pour les automobilistes étrangers qui
ne font que traverser Thézan )
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Les vieilles
ruelles couvertes ne sont plus adaptées au trafic ou à
l'ésthétique, on les abat sans état d'âme.
Nous sommes sous le Second Empire, Monsieur Ferval, notre
Baron Hausman local, ordonne la destruction des batiments vétustes
enjambamt la rue devant l'entrée de la nouvelle église,
parce qu'ils étaient " l'écueil de tous les
timons de charrue, des charettes chargées, des personnes
à cheval, et de celles qui portaient le linge sur leur tête
dans une corbeille ".
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Démolir certes, mais surtout
construire beau et si possible grandiose, " pour que l'étranger
de passage allat dire au loin que l'église recemment
inaugurée ressemblait à une cathédrale, l'horloge
à un beffroi, et le groupe scolaire et la mairie à
un hotel particulier ".
En 1859, en pleine fièvre
de folies des grandeurs, les Thézanais se lancèrent
dans la construction d'une grande église. Onze entrepreneurs
se précipitèrent pour arracher l'enchère. Du
pays, des villages proches, et aussi de Coursan, Carcassonne, Narbonne,
La Nouvelle, l'affaire pouvait consacrer la fortune et la réputation
d'un bâtisseur intelligent. Quand il fut choisi, avec l'
architecte, une partie de la population et le conseil municipal
l'accompagnèrent sur les lieux comme en pélerinage,
pour lui signifier leurs ambitions et leurs rêves.
En 1858,
l'architecte chargé de dresser le devis de l'église
à construire, observait qu'on lui avait demandé une
flèche au clocher d' une hauteur demeusurée, et expliquait
ainsi cette prétention qui résume bien l'esprit de
cette époque : " les habitants que de bonnes récoltes
de vin avaient rendus riches, comparant leur position à la
grandeur qui leur était soumise, voulait du luxe, et rien
n'était beau s'il ne coûtait beaucoup d'argent
"
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Les fortifications à l'instar des doubles remparts et
du donjon de Monseret servirent de remblai à la construction
du chemin de fer, le clocher de la vieille église presque
millénaire fut abattu, au coeur d'un Thézan
que les anciens villageois ne reconnaissaient plus.
Adieu les pierres du passé... place au modernisme...et
aux nouveaux riches.
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