L'independant

du 09 fevrier 2024

l'histoire du four communal d'un village de l'Aude et de ses "faiseurs de pain"

Au début du XIXe siècle, le conseil municipal de Thézan-des-Corbières, un village de l'Aude, a décidé de construire dans la mairie un four communal qui sera tenu par des faiseurs de pains nommés par le conseil municipal.

De tout temps, le pain a été la nourriture de base des populations. Raison pour laquelle en ce début de siècle, le maire de Thézan-des-Corbières, soucieux de ses concitoyens propose de construire un four communal. Manger du pain croustillant et doré doit être accessible à tout le monde et non pas le privilège des propriétaires aisés.

Approuvée par le conseil municipal à la condition que les faiseurs de pains ne fassent pas concurrence aux faiseurs de gâteaux déjà installés, la proposition s’est concrétisée et le premier four communal fut construit au rez-de-chaussée de la mairie, qui se trouvait alors place du marché. La commune avait aussi autorité pour choisir les faiseurs de pain. Un appel d’offres fut lancé.

Les faiseurs de pain se sont ainsi succédé pendant des décennies

Les candidats ont été nombreux et c’est le sieur Dominique Ségui, maréchal à forge qui sera choisi pour être le premier à s’occuper du four communal au 1er janvier 1830. Il s’engageait pour un bail de trois ans, une redevance annuelle, fournir le pain à tous les habitants et en échange, recevrait un pain tous les 40. Il mit du cœur à l’ouvrage pour cuire le pain dans le four chauffé au bois que ses enfants allaient ramasser dans la pinède. Les faiseurs de pain se sont ainsi succédé pendant des décennies. En 1847, après 17 ans de service, il fallut réparer le four puis en construire un nouveau en 1865, réparé également en 1878.

Sans doute le projet de nouvelle mairie a-t-il influencé la suite à donner au four communal. Après ces diverses péripéties dues à une utilisation massive du four en raison de la population qui dépassait le millier d’habitants dans les années 1880-1890, il fut alors décidé de construire un four dans une nouvelle bâtisse qui comprendrait le fournil et le magasin en rez-de-chaussée et un logement à l’étage. La maison construite près des jardins sur un terrain mouvant, exigeant des fondations de 1,50 m au lieu des 70 cm prévus.

Une rue à son nom

Le four fut terminé en 1891. Entre-temps en 1862, il avait été décidé, vu le grand nombre de candidats à ce poste lucratif et envié, que l’adjudication du bail se ferait aux enchères. Bizarrement, aucun candidat ne se présenta, ce qui inquiéta le maire. Après enquête, il découvrit que ce manque d’enthousiasme venait au matériel non fourni pour fabriquer le pain. La chose revue et corrigée, le four communal a démarré en 1892 pour le plus grand plaisir des habitants et clients alentour.

Le four communal existe toujours mais il a été racheté à plusieurs reprises par des particuliers, seul un fronton en pierre au-dessus de la porte d’entrée portant l’inscription "Four RF 1891 communal" en garde encore la marque de son passé dans la rue qui porte aussi son nom.

Le four communal construit en 1891 existe encore par le fronton au-dessus de la porte d’entrée sur la pierre où est gravé "Four communal RF 1891".

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